Mes années, aux instants pointillés de rouille, ont parfois comme des pauses, nonchalantes, de vifs désirs.
Sans focus, je me fais bercer par les vagues, apparemment, non violentes ou dangereuses d’une vie dont l’apparence est paisible.
Je cultive alors un opium savoureux et je me fais parcourir par mon souffle consciente, ravie d’exister, d’être ici, juste mon petit moi et rien d’autre. Les choses se compliquent quand un éclat, puissant de soleil, totalement inattendu, envahit, modifie tout…
C’est alors l’alerte générale et la vie reprend son pouvoir : dictatrice sans raison qui demande de se manifester, d’être reconnue, vécue. Ma gorge me fait presque mal au passage des sensations et de l’envie de voir, ressentir… mémoriser, sculpter dans le département Bonheur un creux profond, imperméable, pour ne pas faire fuir même une gouttelette de cette grâce et je deviens monument, aux fibres mortelles, d’un mystère insaisissable…